• portrait de Andry TGV

    ortrait

    A Madagascar, l'ascension fulgurante d'un jeune homme happé par la politique

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    ANTANANARIVO ENVOYÉ SPÉCIAL

    Son visage pur semble capable de s'éclairer à la demande, et son sourire est irrésistible. Question charme, Andry Rajoelina est sans rival dans la classe politique malgache. Pendant les deux mois qu'a durés le bras de fer avec le président malgache, qu'il vient de faire tomber et de remplacer, l'homme d'affaires a déployé cette séduction immédiate partout. Sur le podium de la contestation, qu'il avait planté au centre de Madagascar. Et dans les médias, pour lesquels il était toujours disponible.

    Et puis, dans une accélération-dénouement dont la Grande Ile a le secret, le pouvoir lui est arrivé entre les mains, et ce jeune homme de 34 ans aux traits lisses de premier communiant est devenu le plus jeune chef d'Etat africain en prêtant serment le 21 mars. Alors, la situation a changé.

    Désormais, Andry Rajoelina file toutes sirènes hurlantes à travers la capitale, escorté de pick-up avec soldats en armes. Le pouvoir n'est pas aussi solide que son aplomb.

    "Très jeune, j'ai eu l'habitude d'animer, de manier le micro. Parfois, j'étais aux platines. Dans les clubs, j'enflammais les pistes", raconte-t-il avec nostalgie. C'est l'époque, dans les années 1990, où il monte les "soirées live" qui attirent la jeunesse dorée d'Antananarivo. DJ Andry y fait d'intéressantes rencontres, au sein d'un milieu social qui lui servira bientôt de tremplin.

    Ambitieux, il l'est. Sa famille est issue de la classe moyenne, notion importante dans un pays où on dissèque les pedigrees sociaux et ethniques avec des passions d'entomologiste. Le père, colonel, est "sorti du rang", selon l'un de ses vieux compagnons d'armes, au terme d'une carrière qui l'a amené à faire la guerre d'Algérie sous l'uniforme français et donc à léguer la nationalité française à ses enfants.

    Andry Rajoelina, lui, sortira de sa classe, prenant femme dans l'élite de Madagascar. Son épouse, Mialy, va mettre de l'ordre dans ses affaires et de ses idées. "Aujourd'hui, cela pose des problèmes. Andry fait des promesses pour des nominations, mais ce qui est fait le jour est défait quand il rentre à la maison", note un proche de longue date.

     

    "COMBATTRE UN GRAND"

     

    En 1999, un journal de l'île distingue un entrepreneur du nom de Ravalomanana comme "manager de l'année". En 2000, Andry Rajoelina lui succède. Il a fondé la première société d'impression offset numérique et créé un réseau d'affichage avant de se diversifier dans la publicité et les médias. Marc Ravalomanana, lui, a pris le pouvoir. Andry Rajoelina, qui fréquente alors assidûment sa fille, en fait son "modèle".

     

    Un jour, son tour viendra, il en est sûr, déclarant au hasard de la discussion : "Les gens disent que je suis le messie." Trop pressé pour verser dans le mysticisme, "TGV" applique à la politique les règles du marketing. Là où son prédécesseur avait confondu programme politique et business plan, Andry Rajoelina, qui a arrêté les études au baccalauréat, fonde ses espérances sur un plan média. Un exemple ? "Nicolas Sarkozy." Pourquoi ? "Il sait très bien communiquer."

    On peut lui retourner le "compliment". En 2007, il s'attaque à la fois à la mairie d'Antananarivo et à son ex-modèle, le président Ravalomanana. "Pour devenir grand, il faut combattre un grand", affirme-t-il. La guerre avec Marc Ravalomanana est déclarée. Le mouvement de TGV, conçu comme un happening, capitalise sur le mécontentement de la population sans révéler qu'il s'agit d'une machine pour prendre le pouvoir, avec l'appui des ennemis de Marc Ravalomanana.

    Opposants, proches de l'ancien président Didier Ratsiraka, riches hommes d'affaires marginalisés par le chef de l'Etat vont contribuer aux dépenses de la campagne. Mais les mois de contestation échevelée n'ont pas permis de mettre sur pied une équipe complète, ni un programme précis. "On se réunissait toujours en catastrophe, en changeant tout le temps d'endroit, on n'a pas eu le temps de construire", justifie l'opposant Roland Ratsiraka, neveu de l'ex-président en exil en France. "Maintenant, commente un observateur de la politique malgache, il faut surtout que le président écoute les conseils. Il est jeune, très jeune. Et inexpérimenté."

    Jean-Philippe Rémy avec Sébastien Hervieu (Johannesburg, correspondance)

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